jeudi 2 juin 2011

Motherfucking + Lili Refrain @ La Robinetterie, 16/05/2011

Motherfucking

Motherfucking

Motherfucking

Motherfucking

Lili Refrain

Lili Refrain

Lili Refrain

Lili Refrain


Dernière ligne droite pour la Robinetterie, dernier concert donc, pour un lieu qui en peu de temps aura déjà pu proposer pas mal de choses...

Le flyer indiquait qu'il fallait venir tôt car le concert allait réellement commencer à 21:00. A mon arrivée, je me dis que très peu de gens vont venir car il ne doit pas y avoir plus de 10 personnes présentes, en comptant les gens des groupes, et soudain je sens un frisson d'angoisse m'envahir en imaginant une soirée avec cet effectif dans un squat un lundi soir.

Mais c'est bien connu, le beau temps n'incite pas le lyonnais à venir en avance, et une heure plus tard le lieu est bien rempli. D'ailleurs ce soir le concert n'a pas lieu à la cave mais dans une grande salle située immédiatement à coté de l'entrée du squat, avec donc une isolation phonique proche du néant. Quitte à partir, autant le faire avec de l'éclat.

Motherfucking sont évidemment le groupe le mieux placé pour répondre à cette demande de bruit. L'infâme duo lyonnais est une composante indispensable de la musique souterraine locale depuis des années, et à peu près tout le monde les a vu, au moins quelques minutes le temps de se demander qui sont ces types par terre qui jouent avec des objets qui font beaucoup de bruit puis de réaliser qu'il s'agit d'un vrai concert et pas d'une installation d'art contemporain (encore que, en y repensant...)

Je ne vous cache pas que pendant des années, ma réaction face à Motherfucking a été celle là, et si Julien Dupont, moitié du duo, ne s'était pas acoquiné avec la crème de la scène punk lyonnaise, je pense que j'aurais continué à considérer son projet comme une escroquerie pure et simple, voir à un foutage de gueule plein de mépris et de prétention envers la communauté musicale (je ne pense qu'ils s'offusqueront si je dis que Motherfucking ne fait pas de la musique étant donné qu'il n'y a ni mélodie ni le moindre semblant de rythmique, en tout cas je ne parviens pas à le trouver). Si je vous dis que Julien Dupont est également fan de Chris Leo et de Pavement vous en conviendrez que ce gars ne peut pas être totalement mauvais.

Bref, tout çà pour dire que ce soir Motherfucking joue sur une sorte de petite scène située au dessus du bar . On peut donc à loisir aller s'installer devant le groupe en réfléchissant à ce qu'ils essayent de faire, ou alors rester en bas en écoutant le bruit de fond, et en étant géné par les passages plein de larsens du début du concert, qu'on pourrait prendre comme un trait d'humour de la part du duo. Quoi de plus cocasse que des punks se plaignant du bruit ?

La suite de la prestation du groupe sera plus tranquille (à base d'instruments à vent ce soir), et je crois bien que c'est la première fois que je resterai jusqu'à la fin, ce qui constitue quand même un évènement. Je crois même qu'il y avait un début, un milieu et une fin...

La soirée se continue avec le concert de Lili Refrain, une italienne de Rome, qui apparemment joue déjà depuis un certain temps. J'avais été assez dubitatif face aux descriptions entendues ici et là: folk, drone, musique médiévale, metal... difficile de s'y retrouver. Et pourtant. Ce concert ne va pas laisser indifférent les personnes présentes. Lili chante, joue de la guitare, utilise des boucles pour créer des nappes de son, et sa musique est réellement d'une grande originalité. Sa voix vogue entre des passages sussurés et d'autres carrément chantés façon opéra, elle joue vraiment bien de la guitare avec une inspiration effectivement médiéval / metal (avec des solos en tapping !!!!) sur certains morceaux, et plus folk / américaine sur d'autres (avec des plans à la David Pajo / John Fahey). On passe donc de morceaux qui pourraient rappeler Lisa Gerrard à des choses carrément metal mélodique en passant par du post-rock à la Constellation ou Kranky records, et tout çà avec la limpidité la plus déconcertante. Sérieusement je crois avoir été totalement envoûté par cette fille qui se laisse transporter par sa musique et qui voudrait bien emmener le maximum de monde avec elle... La configuration de la salle est parfaite (Lili est à la fois à la vue de tous ceux restés dans la salle et à proximité de ceux étant allés s'installer sur la "scène" en hauteur) et une heure durant je ne vais pas décoller de mon fauteuil. Après une prestation aussi intense et aussi personnelle j'ai vraiment l'impression que la plupart des groupes que je vois habituellement jouent leur musique comme si ils prenaient le bus. La fin du concert est presque interrompue par la police, visiblement alertée par un voisin. En réaction, Lili commence à jouer le thème du "Parrain", comme une sorte de pied de nez humoristique face à la situation. Heureusement la police ne refera pas son apparition et le concert se termine dans une ambiance euphorique. Le temps de discuter avec elle puis de dire au revoir aux gens et au lieu, et me revoilà parti dans la douceur enveloppante de la nuit.