dimanche 26 juin 2011

Bandit Dance # 3 @ Grrnd Zero 4/06/2011

Top Affaire

Alligator

De Fatwas

Lispector

Peter James Taylor & co

Clara Clara

Ok Vancouver OK

Grass Widow

Sida




Alors là il va falloir être indulgent, chroniquer avec force détail une soirée avec une bonne dizaine de groupes çà risque de prendre des semaines, du coup ne m'en voulez pas si tout est condensé !

Pour résumer, cette soirée est le troisième numéro d'une série entamée il y a un certain temps par le grrnd zero avec pour une idée de faire dans l'oecuménisme musical, et de mémoire je n'ai a fortiori assisté à aucune des deux premières éditions. Ne me demandez pas ce que signifie l'intitulé Bandit Dance, de toute façon je n'ai jamais lu les bios fournies par grrnd zero, et c'est pas en 2011 que çà va commencer.

On retrouve donc tout un tas d'habitués de lieu, que ce soit par leur participation régulière aux concerts en tant qu'organisateurs, ou en tant que groupe qui répète dans les murs à l'étage.

On retrouve également un four à pizza préchauffé la veille (car fait à base de céramique) et un maestro hors pair de la pâte à pizza histoire de faire patienter la foule présente sur place pendant des heures, ainsi qu'une décoration à la pointe de la tendance. Quand on fait la fête à Grrnd Zero, on ne la fait pas à moitié.

Pour ce qui est de la musique, on peut citer les "nouveaux venus" Top Affaire (en répète çà m'avait fait penser à Tristeza, en concert c'est plus proche de Téléphone joué par des gens fatigués, au final je ne sais pas quoi en dire), Alligator (duo constitué de Lisa de Réveille et de Elizabeth de Moms on meth - post-punk pop plutôt chouette), De Fatwas (punk hollandais aussi classique et primaire que bienvenu dans cette soirée), Lispector (pop-synthétique et onirique... pas mon truc du tout mais honnête), Commune (chanson française jouée avec une guitare de metal... y en a qui ont aimé), Peter James Taylor (un gars de Action Beat qui a fait jouer 7 guitaristes et deux batteurs locaux, une sorte d'orchestre où chacun joue une note différente de la gamme... le pire c'est que c'était vraiment pas mal), Clara Clara (tout le monde connait), Orval Carlos Sibelius (aucun souvenir, je devais manger une pizza), Ok Vancouver Ok (pop toute fragile entre Xiu Xiu, The Notwist et des groupes d'emo du midwest repris par un groupe de pop 60's.... j'ai trouvé çà mortel), Grass Widow (pop garage, très bien dans le genre) et les héros locaux Sida (meilleur concert pour moi à ce jour avec plein de nouveaux morceaux... Il faut dire que je ne les avais pas vu depuis près d'un an). Bon je ne sais pas quand aura lieu le #4, mais d'ici là vous avez le temps de créer des groupes pour y jouer et d'imaginer des nouvelles recettes de pizzas.

vendredi 24 juin 2011

Bernay's Propaganda + Xaxaxa + Koenigstein Youth @ Grrnd Zero, 1/06/2011

Xaxaxa

Xaxaxa

Bernay's Propaganda

Bernay's Propaganda

Koenigstein Youth

Bon, les péniches çà va 5 minutes mais rien ne vaut un bon concert à la maison, a.k.a. au grrnd zero, avec en prime plein de fumeurs pour une chaude ambiance... plein de fumeurs ? certainement pas Vasko de Xaxaxa et Bernay's Propaganda, anciennement chanteur de FPO, un des meilleurs groupes de hardcore que j'ai vu ces dernières années... A une époque où la moindre tendance straight-edge est devenue aussi cool dans la scène punk que d'être militant pour le Nouveau Centre (merci le retour en grâce des rockers à chaussures pointues - qu'on avait pourtant cru enterrés depuis au moins 1995 - et la loi anti-Tabac dans les lieux publics), çà fait plaisir de voir encore des gens mettre çà un peu en avant, surtout sur un ton aussi humoristique et avec autant de dérision qu'avait pu le faire Vasko lors de ce fameux concert de FPO à Montbrison devant un parterre de jeunes gens avinés l'exhortant à enchaîner les morceaux rapides sans s'attarder sur leur contenu. Devant une telle réaction, il n'hésitait pas à multiplier les monologues pour se mettre encore plus à dos le public en question. Quel bon gars, en vérité...

Alors quand j'ai appris l'année dernière que ce même Vasko avait un nouveau groupe dans un registre totalement différent, à savoir Bernay's Propaganda et son post-punk aux accents soul et funky avec une chanteuse, je ne pouvais que me gratter la tête de curiosité. Et quand on m'a dit qu'en plus Bernay's propaganda tournait avec un autre groupe constitué d'anciens membres de FPO appelé Xaxaxa jouant dans un registre emo/punk à l'ancienne alors là je me suis carrément excité tout seul, d'autant plus que Vasko joue dans les deux groupes !

En ce soir de premier juin, la fraicheur est au rendez vous mais ce n'est pas çà qui va m'empécher d'apprécier le set de Xaxaxa qui ouvre le concert. Un set direct, sans fioritures, joué par un trio guitare / basse / batterie, avec Vasko au chant et à la jazzmaster, et tout de suite je me dis que çà faisait des années que je voulais (re)voir ce genre de groupe. Xaxaxa joue dans une catégorie très particulière, un style à la croisée de plein d'influences: punk rock mélodique mais pas pop, emocore des années 80 sous influence DC (Rites of Spring / One Last Wish / The Hated), avec bien sûr l'ascendant des plus grands du genre. L'Angleterre a Leatherface, le Minnesota Hüsker dü, la Californie J Church, la Finlande les trop méconnus Phoenix Foundation, la France Sixpack et le Japon 1000 Travels of Jawaharlal. Désormais la Macédoine a Xaxaxa. . On dirait bien que ce soir le trio réussit à trouver le parfait équilibre: C'est intense et beau, c'est brutal mais subtil, mélancolique mais çà donne quand même le sourire, bref, quand ce genre de truc est fait comme il le faut, çà devient pour moi la meilleure musique du monde, la quintessence de tout ce que je cherche. Le disque acheté dans la foulée révèle un groupe un peu plus pop (rapport au son de guitare beaucoup plus clair) mais sur scène, çà défouraille. Quand le groupe termine son set, j'ai l'impression que çà n'a duré que 5 minutes (une petite demi-heure en vérité) tellement je suis rentré dedans. En concert, parfois, le temps s'arrête.

Seulement quelques minutes passent avant de voir les musiciens remonter sur scène. Les trois mêmes. Aucun changement de line-up entre Xaxaxa et Bernay's Propaganda mise à part l'adjonction d'une chanteuse blonde filiforme qui a le bon goût de porter un tshirt Fugazi fait main. Ca aussi çà m'avait manqué. Sans presque aucune transition, le concert commence et d'entrée le style est complètement différent de celui pratiqué par les mêmes gens un quart d'heure plus tôt: Ici on a affaire à une sorte de post-punk où le coté dansant est super appuyé, comme pour pallier aux textes a priori très politisés de la chanteuse. Le groupe excelle en aisance dans ce style, c'est bluffant de voir les mêmes gens jouer de deux styles aussi différents avec autant de facilité. Si la musique de Bernay's Propaganda me touche moins que celle de Xaxaxa (en tout cas j'imagine moins écouter çà régulièrement), leur set est très prenant et on les sent vraiment à fond. Ca peut paraitre hautain de dire çà mais j'ai l'impression de voir rarement des groupes y mettre autant du leur dans leur musique. La foule semble apprécier beaucoup dans l'ensemble, il y a plus de monde que pour Xaxaxa en tout cas.

Une fois n'est pas coutume, la soirée se termine avec les presque locaux de Koenigstein Youth, et leur hardcore punk bien rapide et enragé. Pour ma part je ne suis pas vraiment dans l'ambiance donc je préfère m'éloigner de la scène d'un concert qui remporte quand même la plupart des suffrages. A noter une reprise de Negative Approach en fin de set avec l'ancien chanteur de The Cold Within au micro.




jeudi 23 juin 2011

Trophy Wife + Le Parti + Human Pest @ le Sonic, 31/05/2011

Human Pest

Le Parti

Le Parti

Trophy Wife

Trophy Wife

Ces derniers mois à Lyon ont été plutôt marqués par la sécheresse, et la pluie est donc un élément salvateur pour la plupart des gens. Mais pas pour tous... pas pour ceux qui veulent aller voir un concert au sonic un soir de semaine.... J'ai déjà du mal à être motivé par le fait d'aller au sonic en général, alors quand il pleut c'est encore moins la fête, car çà oblige à rester dans la salle entre les groupes, et comme je ne vais pas consommer au bar, qu'il n'y a rien à faire à part de s'asseoir sur le banc et qu'il n'y a quasiment jamais de distro ou quoique ce soit à regarder, le seul repli possible est de sortir et d'affronter la pluie sur le quai glissant, ou meilleure option, traverser le pont et rester sur la rive à discuter avec des gens si par chance on en rencontre certains qu'on connait (et des fois çà arrive).

Bon je n'ai pas envie de faire dans la critique facile, je soutiens la démarche du sonic et c'est cool que ce lieu existe, mais j'y suis beaucoup trop allé il y a quelques années, et je trouve le lieu assez anxiogène aujourd'hui, en tout cas trop pour me motiver à y aller plus souvent, alors qu'il y a pourtant des concerts qui pourraient m'y intéresser. J'en arrive à préférer voir des groupes dont je n'ai rien à foutre dans une atmosphère saturée en fumée (toujours un plaisir) à Grrnd Zero simplement parce que je sais que je vais forcément voir des potes, plutôt que d'aller voir un concert potentiellement intéressant au sonic, car j'ai peur de me retrouver dans cette petite foule anonyme sans lieu pour se poser.

S'Etant Chaussée est une asso que j'encourage aussi, et qui fait un peu trop de concerts au sonic à mon goût, au sens où j'aimerais bien en voir un peu plus ailleurs. Ce soir j'étais bien motivé pour aller voir Las Kellies, groupe de post-punk de Buenos Aires, Argentine, mais ces dernières ont annulé au dernier moment. Heureusement il reste trois autres groupes.

Human Pest font partie de la dernière génération des groupes (néo)lyonnais. Ces gens sont jeunes, beaux et motivés, et débarquent en parlant anglais (avec l'accent du sud) pour annoncer leur concert et enchaîner entre les morceaux. Si je vous dis qu'il y a des membres actuels et anciens de The Dolipranes, Prypiat ou encore Rambocrust & the Luftwafunk, çà ne va sans doute pas beaucoup vous aiguiller. Human Pest joue une musique simple, voir même simpliste, constituée d'une rythmique perpétuellement bloquée à 160bpm réalisée à l'aide d'un synthé qui autrement distille des accords bien connus, il y a donc ce chant en anglais (ou yahourt), une guitare toute droit sortie des années 50 et une basse qu'on entend bien. Le concert dure 15 minutes et tout sonne pareil dans une sorte de punk robotique à la Spits avec un jeu de scène entre Devo et les Forbans. J'ai vraiment du mal à me faire un avis sur la musique du groupe, mais en tout cas niveau spectacle il y a des choses à retenir.

Le Parti, le trio de Saint-Etienne, est le second groupe de la soirée. Ca faisait bien longtemps que j'avais pas vu ces gens, peut-être bien trois ans ? Il faut dire qu'ils avaient splitté après avoir sorti un album fin 2009, sortie un peu controversée pour une partie de la scène punk car portant le logo du conseil général de la Loire ou quelque chose comme çà. Il y avait de quoi remplir des pages en HTML de tout çà. Revoilà donc Le Parti avec des anciens et sans doute des nouveaux morceaux, toujours en pleine inspiration Gang of Four, avec des petits bouts de Mission of Burma. Ca joue bien, c'est efficace, presque professionnel, mais je sais pas, je trouve çà hyper bien fait mais le concert est un peu trop long à mon goût (presque une quinzaine de titres sur les playlists posées par terre) et çà manque un peu d'imprévu et de spontanéité. Le show est rodé. Ces gens ont certainement très bon goût, mais j'ai du mal à totalement adhérer à leur démarche.

De la spontanéité, je vais en retrouver avec Trophy Wife, le groupe étranger qui reste de la soirée. C'est un duo féminin américain, et la batteuse est connue pour pas mal d'activités (le label exotic fever et le zine give me back notamment). Elle a également joué dans Del Cielo il y a quelques années. Ce duo me fait immédiatement penser à un autre duo qui a joué au même endroit l'année dernière, je veux parler de Talk Normal. La comparaison est facile, les deux groupes naviguent dans des eaux similaires avec la même formation (guitare/batterie chant féminin), mais Trophy Wife joue une musique moins sombre et frontale, et a des sonorités plus indie, voir même rock 70's / psyché sur certains passages de guitare. Ce concert est en tout cas une sacrée bonne surprise comme S'Etant Chaussée les distille de temps à autre, je suis bien enthousiasmé par l'énergie et la bonne humeur très communicative du duo. Difficile de vraiment définir leur musique, mais çà m'a rappelé aussi bien Sleater Kinney qui ferait des morceaux longs que Shellac en version indie-pop ou encore parfois même les immenses Tiny Hawks sur certains passages plus enlevés. Il semblerait qu'elles aient sorti quelques disques déjà, mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'y jeter une oreille... Un bon groupe de scène en tout cas, même dans un lieu qui en général ne me plait pas trop. C'est peut-être justement ce facteur environnemental qui m'a fait me concentrer tout particulièrement sur la musique de Trophy Wife ? Allez savoir...

lundi 6 juin 2011

Witches + 12XU @ Le Tostaki, 22/05/2011

12XU

12XU

12XU

Witches

Witches

Witches


J'aurais pas dit récemment que pour aller à des concerts le dimanche il fallait être motivé ? Bon ce dimanche en question je le suis un peu plus, et puis un lieu comme le Tostaki rime toujours avec imprévu et surprises...

Fort heureusement le concert est lui bien maintenu, et en cette fin d'après midi on a droit à un groupe d'Athens, Georgie, USA du nom de Witches, et au premier concert des locaux de 12XU depuis un petit bout de temps, juste avant qu'ils enregistrent leur LP.

J'ai déjà dit que le Tostaki permettait aux groupes de bénéficier d'un son plutôt cool, rapport à la structure de la cave. En fait ce n'est pas tout à fait le cas de 12XU ce soir qui doit un peu batailler avec les petits soucis techniques, léger bémol à un concert qui à part çà est plutôt bien réussi. J'étais bien content de les voir après tout ce temps, surtout que le set de ce soir est constitué uniquement de nouveaux morceaux, sur le point d'être enregistrés au PWL studios, là où a été enregistré le LP de Bâton Rouge sorti il y a quelques mois. En parlant de Bâton Rouge, je trouve leur album tellement bien que j'en était presque arrivé à oublier 12XU, étant moyennement convaincu par les deux derniers EP de leur série de 4 EP (en gros 1= 2 > X = U... ou quelquechose comme çà). Les deux groupes partagent le chant, une guitare et la basse, et si 12XU était au départ un side project indie/punk rock de Daitro, on pourrait désormais le voir comme une version plus directe de Bâton Rouge. En clair les deux groupes évoluent dans des sphères très similaires et on peut se demander à quel point il est nécessaire de continuer de front deux projets quand un seul pourrait exister. La question va être vite balayée par ces nouveaux morceaux: 12XU fait toujours du 12XU, donc ne ressemblant ni à Minor Threat ni à Wire, mais toujours dans cet espèce de mélange de plein d'influences. Le groupe a gagné en intensité et quand çà chie, çà chie beaucoup plus qu'avant, mais quand c'est mélodique, c'est également plus réussi et travaillé... Bon je n'ai entendu ces morceaux qu'une fois, comme les 20 ou 30 personnes présentes, mais en tout cas ils m'ont incité à attendre patiemment ce LP, et si le son est aussi parfait que pour le disque de Bâton Rouge, alors çà pourrait vraiment bien le faire !

Witches enchainent, et là c'est un peu la découverte même si j'ai eu la curiosté d'écouter quelques morceaux sur myspace (ce qui n'est jamais un bon média quand on veut découvrir un groupe...). C'est également un trio de facture 'classique' avec une chanteuse guitariste qui joue sur une gretsch (la même que Raymonde Howard) et qui a une voix qui ressemble fortement à Chan Marshall de Cat Power. Je me rend compte avant le concert que j'ai déjà rencontré le bassiste mais comme j'ai un léger doute pendant 10 secondes et que je n'ose pas l'aborder directement sur le mode "hey, awesome buddy, faisons un hug!" je lui demande quand même si il fait partie du groupe, ce qui entraine une situation assez cocasse où visiblement très intimidé lui aussi, il me rappelle la dernière fois qu'on s'est parlés, quelques mois auparavant, dont je me rappelle très précisément. Quand deux personnes timides se parlent c'est toujours rigolo à voir.

Le concert donc... le rock mélancolique de Witches a des atmosphères un peu langoureuses et nonchalentes qu'on pourrait mettre en rapport avec leur région d'origine. On imagine bien ces gens sur le porche de leur maison en bois en train de se balancer sur leur siège dans la moiteur de l'été, le ciel gris annonçant l'orage. Je ne suis jamais allé dans le sud-est des Etats-unis mais c'est la représentation que je m'en fais, et Witches pourraient fournir une parfaite bande son. Le groupe joue d'ailleurs de manière assez nonchalente, à l'image du jeu hyper détendu du batteur, mais ne tombe jamais dans la mollesse ou l'ennui. Tout fonctionnerait plutôt à l'économie, comme si chaque note ou chaque mot avait été bien pensé avant. Bref, je suis plutôt sous le charme de leur concert qui va très bien pour un dimanche après midi, et si j'avais de l'argent je me serais peut-être payé leur disque. Je suis bien curieux de l'écouter en tout cas.

samedi 4 juin 2011

Forgetters + Silent Front + Sport + Torticoli @ Grrnd Zero, 19/05/2011

Torticoli

Sport

Sport


Silent Front

Silent Front

Silent Front

Forgetters

Forgetters

Forgetters

Forgetters


Forgetters ! Le groupe de Blake (qui?) de Jawbreaker (quoi?) au grrnd, j'en avais pas révé mais ils l'ont quand même fait, et après y avoir réfléchi pendant quelques semaines je me suis dit que çà allait quand même être potentiellement bien cool. Il faut dire que c'est assez rare de voir des héros de ma jeunesse en concert, alors même si Forgetters n'a sans doute pas (encore?) l'envergure d'un Jawbreaker, je ne vais pas cracher sur un tel évènement, surtout actuellement.

En effet, si dans mon panthéon personnel, Bob Mould est Dieu, alors Blake Schwarzenbach est au moins l'égal de Moïse, et les 4 LPs de Jawbreaker (oui, même le majorisé "Dear You") parus entre 1990 et 1995 tiennent encore vraiment bien à l'épreuve du temps. Si vous n'avez jamais entendu Jawbreaker, ben c'est un peu une sorte de groupe à la croisée de pas mal de chemins, avec une grosse base de punk rock mélodique mais qui jouait une musique beaucoup plus subtile et profonde qu'elle pouvait en avoir l'air au premier abord, notamment grâce à la voix rapeuse et aux paroles bien cinglantes de Blake, ainsi qu'à une section rythmique particulièrement percutante et à des mélodies riches et prenantes... Après le split du groupe en 96, Blake est devenu prof d'anglais à la fac de New York, a fondé Jets to Brazil (indie rock pas toujours passionnant) puis Thorns of Life (que je n'ai jamais écouté), projet éphémère qui a finalement laissé la place en 2009 à Forgetters, retour au punk rock avec la bassiste Caroline Paquita (ex-Bitchin' et également super illustratrice) et le premier batteur de Against Me!.

A l'heure actuelle Forgetters n'a publié qu'un EP de 4 titres, prometteur sans être non plus renversant, mais c'était suffisant pour que je me précipite à Gerland.

Evidemment, je ne veux pas oublier qu'il y avait trois autres groupes ce soir là, puisque pas mal de gens semblaient n'en avoir rien à carrer de Forgetters et étaient là au choix pour Torticoli, Sport ou Silent Front.

Torticoli donc, avec un nom pareil c'est certainement du rock instrumental... gagné ! J'avoue que je n'étais pas spécialement venu voir ce genre de musique ce soir là mais j'ai trouvé (ce que j'ai vu de) le set du groupe assez correct, grâce à des morceaux relativement simples basés sur un nombre limités de riffs (avec notamment un super son de guitare) mais bien exploités, avec quelques plans à la Blame Game dernière période ou à la Don Caballero des débuts, quand c'était pas chiant. Pas mal dans le genre.

Sport est un nouveau groupe lyonnais, mais qui a déjà fait ses premiers concerts ailleurs (Clermont-Ferrand, Paris), on pouvait donc légitimement se demander si ils avaient quelque rapport avec la scène punk lyonnaise qu'on connait étant donné qu'ils jouent de punk rock et habitent à Lyon. Après vérification on retrouve bien Vincent, le batteur de Veuve SS derrière les fus, ainsi que trois barbus en chemise à carreaux qui s'occupent des 16 cordes. Le style de Sport est pour le moins peu usité parmi les groupes français actuels, on dirait en effet un mélange d'emo-pop 90's (du midwest !) à la Braid ou Cap'n'jazz avec des influences plus récentes du punk rock floridien à la No Idea, genre Laterman et compagnie.... Mélange un peu casse gueule mais plaisant et en tout cas original !

En tout cas le groupe s'en sort plutôt pas mal, et rappelle le super concert de Algernon Cadwallader au même endroit en 2009, et le public semble apprécier. J'entend déjà les commentaires qualifier ce groupe de trop "américain", critique à laquelle on pourrait objecter que la plupart des groupes qu'on voit ne sont sans doute pas plus français dans leurs influences, la différence étant que Sport joue une musique encore trop peu jouée en France pour que les influences en question aient été diluées dans le vin rouge et le camembert (beurk). Forcément, quand on joue de l'anarcho punk ou du hardcore old school c'est plus facile de dire qu'on est pas influencés par des groupes américains, vu que ces genres sont joués partout dans le monde !

Les lyonnais laissent la place aux anglais de Silent Front, ici plus ou moins à la maison puisque c'est déjà leur deuxième (troisième ?) concert à Lyon et que leur dernier LP est sorti sur les locaux de Bigoût (pas les chewing-gum). Silent Front joue un style qui par contre a été pas mal exploité en France, mais ils ne sont pas français, donc on ne leur voudra pas de chanter en anglais... trio basse / guitare / batterie avec un peu de chant, musique tendue noise-rock, influencée par les vieilleries de Amphetamine reptile, avec un léger coté emoisant à la Shotmaker... Il y a dix ans je me serais pissé dessus pour ce genre de musique, aujourd'hui j'avoue avoir un peu de distance avec tous ces nouveaux groupes, comme je l'ai déjà expliqué avant, et Silent Front me semble faire exactement ce qu'il faut pour plaire aux irréductibles du genre, sans essayer de faire vraiment avancer le problème. Le fait que Forgetters joue une heure plus tard a sans doute contribué à mon manque de concentration pendant le set des anglais et j'ai eu du mal à réellement apprécier leur concert même si objectivement çà avait l'air vraiment pas mal. Dans le genre. Il faudra quand même que j'écoute ce LP à l'occasion...

Je suis encore au bar quand Forgetters entonne son "Vampire Lessons", tube du EP devant une salle déjà un peu vidée, mais constituée de plein de kids de 30-35 ans. Forgetters a plus à offrir que ces 4 morceaux et va enchaîner une douzaine de chansons dans un registre proche du jawbreaker de la fin, du punk rock mélodique et complexe à fort volume et une bonne dose de personnalité. A ce niveau là je ne sais pas vraiment si j'ai trouvé çà mortel parce que c'est le groupe de Blake ou parce que c'est vraiment bien, mais je me refuse de croire que ce groupe tient entièrement sur les épaules du bonhomme même si évidemment il est la part centrale du groupe. Par contre je peux être objectif en disant que le son n'était pas au top (la voix était limite inaudible, ce qui est quand même bien dommage, et la basse était presque trop forte avec un son plutôt bizarre). Le concert a duré un bon moment, et pour un gus de 44 ans Blake ne semble pas manquer d'énergie et d'intensité tout comme ses deux comparses... Avec en prime un super contact avec le public. Il est bien clair pour lui qu'il ne retrouvera sans doute pas le niveau de succès artistique et public qu'il a pu connaitre avec Jawbreaker, mais il a l'air quand même bien heureux de jouer avec Forgetters. bref j'ai trouvé çà hyper cool mais çà m'a surtout donné envie d'écouter un hypothétique album afin de capter tous les méandres tortueux de ces chansons...

En fin de soirée, pas moyen de chopper le Ep déjà épuisé, du coup je me suis rabattu sur le zine de la bassiste, plutôt chouette.

jeudi 2 juin 2011

Motherfucking + Lili Refrain @ La Robinetterie, 16/05/2011

Motherfucking

Motherfucking

Motherfucking

Motherfucking

Lili Refrain

Lili Refrain

Lili Refrain

Lili Refrain


Dernière ligne droite pour la Robinetterie, dernier concert donc, pour un lieu qui en peu de temps aura déjà pu proposer pas mal de choses...

Le flyer indiquait qu'il fallait venir tôt car le concert allait réellement commencer à 21:00. A mon arrivée, je me dis que très peu de gens vont venir car il ne doit pas y avoir plus de 10 personnes présentes, en comptant les gens des groupes, et soudain je sens un frisson d'angoisse m'envahir en imaginant une soirée avec cet effectif dans un squat un lundi soir.

Mais c'est bien connu, le beau temps n'incite pas le lyonnais à venir en avance, et une heure plus tard le lieu est bien rempli. D'ailleurs ce soir le concert n'a pas lieu à la cave mais dans une grande salle située immédiatement à coté de l'entrée du squat, avec donc une isolation phonique proche du néant. Quitte à partir, autant le faire avec de l'éclat.

Motherfucking sont évidemment le groupe le mieux placé pour répondre à cette demande de bruit. L'infâme duo lyonnais est une composante indispensable de la musique souterraine locale depuis des années, et à peu près tout le monde les a vu, au moins quelques minutes le temps de se demander qui sont ces types par terre qui jouent avec des objets qui font beaucoup de bruit puis de réaliser qu'il s'agit d'un vrai concert et pas d'une installation d'art contemporain (encore que, en y repensant...)

Je ne vous cache pas que pendant des années, ma réaction face à Motherfucking a été celle là, et si Julien Dupont, moitié du duo, ne s'était pas acoquiné avec la crème de la scène punk lyonnaise, je pense que j'aurais continué à considérer son projet comme une escroquerie pure et simple, voir à un foutage de gueule plein de mépris et de prétention envers la communauté musicale (je ne pense qu'ils s'offusqueront si je dis que Motherfucking ne fait pas de la musique étant donné qu'il n'y a ni mélodie ni le moindre semblant de rythmique, en tout cas je ne parviens pas à le trouver). Si je vous dis que Julien Dupont est également fan de Chris Leo et de Pavement vous en conviendrez que ce gars ne peut pas être totalement mauvais.

Bref, tout çà pour dire que ce soir Motherfucking joue sur une sorte de petite scène située au dessus du bar . On peut donc à loisir aller s'installer devant le groupe en réfléchissant à ce qu'ils essayent de faire, ou alors rester en bas en écoutant le bruit de fond, et en étant géné par les passages plein de larsens du début du concert, qu'on pourrait prendre comme un trait d'humour de la part du duo. Quoi de plus cocasse que des punks se plaignant du bruit ?

La suite de la prestation du groupe sera plus tranquille (à base d'instruments à vent ce soir), et je crois bien que c'est la première fois que je resterai jusqu'à la fin, ce qui constitue quand même un évènement. Je crois même qu'il y avait un début, un milieu et une fin...

La soirée se continue avec le concert de Lili Refrain, une italienne de Rome, qui apparemment joue déjà depuis un certain temps. J'avais été assez dubitatif face aux descriptions entendues ici et là: folk, drone, musique médiévale, metal... difficile de s'y retrouver. Et pourtant. Ce concert ne va pas laisser indifférent les personnes présentes. Lili chante, joue de la guitare, utilise des boucles pour créer des nappes de son, et sa musique est réellement d'une grande originalité. Sa voix vogue entre des passages sussurés et d'autres carrément chantés façon opéra, elle joue vraiment bien de la guitare avec une inspiration effectivement médiéval / metal (avec des solos en tapping !!!!) sur certains morceaux, et plus folk / américaine sur d'autres (avec des plans à la David Pajo / John Fahey). On passe donc de morceaux qui pourraient rappeler Lisa Gerrard à des choses carrément metal mélodique en passant par du post-rock à la Constellation ou Kranky records, et tout çà avec la limpidité la plus déconcertante. Sérieusement je crois avoir été totalement envoûté par cette fille qui se laisse transporter par sa musique et qui voudrait bien emmener le maximum de monde avec elle... La configuration de la salle est parfaite (Lili est à la fois à la vue de tous ceux restés dans la salle et à proximité de ceux étant allés s'installer sur la "scène" en hauteur) et une heure durant je ne vais pas décoller de mon fauteuil. Après une prestation aussi intense et aussi personnelle j'ai vraiment l'impression que la plupart des groupes que je vois habituellement jouent leur musique comme si ils prenaient le bus. La fin du concert est presque interrompue par la police, visiblement alertée par un voisin. En réaction, Lili commence à jouer le thème du "Parrain", comme une sorte de pied de nez humoristique face à la situation. Heureusement la police ne refera pas son apparition et le concert se termine dans une ambiance euphorique. Le temps de discuter avec elle puis de dire au revoir aux gens et au lieu, et me revoilà parti dans la douceur enveloppante de la nuit.