samedi 1 octobre 2011

Thanks For Coming Summer Vacation Special Issue #1: Algernon Cadwallader + 1994! + Child Meadow @ Jolly roger's, Hyères, 9/08/11

Child Meadow

Child Meadow


1994!


1994!


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Rien de tel qu'un concert à la plage pour retrouver le sourire, l'espoir, voir l'énergie d'une jeunesse disparue depuis longtemps, surtout avec un groupe aussi enthousiasmant que Algernon Cadwallader. Il aura suffit d'un petit coup de fil au toujours accueillant Clément, et hop, bagages bouclées, direction l'autoroute l'A7, le péage de roussillon, l'arrêt pipi / café à l'aire d'autoroute de Mornas (qui était beaucoup mieux avant d'être rachetée par Carrefour... il faudra un jour que j'écrive quelquechose sur la fin des aires d'autoroutes indépendantes et leur rachat par des grands groupes qui les déshumanisent les unes après les autres....)

5 heures de route plus tard nous voilà arrivés dans le sud, il fait chaud, les gens roulent vite et parlent fort, et j'ai le temps de constater que Toulon a l'air d'être une ville très étrange, avec des grandes voies de circulation bordées de palmiers en plein milieu de la ville et des noms italiens partout sur les enseignes.

Mais le concert de ce soir ne se trouve pas à Toulon même et on doit pousser jusqu'à Hyères, où on arrive à la tombée de la nuit, dans une sorte de zone industrielle assez étrange. Le concert se passe dans un bar qui a l'air de faire aussi tatoueur (?), alors que les bâtiments environnants rappellent plutôt des entrepôts similaires à ceux qui constituaient mon environnement proche quand je faisais du vélo dans ma banlieue étant adolescent.

La faim se fait sentir, et on n'a pas d'autre alternative que de s'arrêter à une sorte de baraque à frite dans cette même zone industrielle. C'est l'occasion de faire découvrir à mon amie ce que je pense être la spécialité locale, à savoir le Pan-Bagnat. S'ensuit un moment assez étrange, une rencontre avec le tenancier de cette baraque (paillote ? Ca n'existe pas vraiment ce genre de chose ici dans le nord), un gars d'une quarantaine d'année content de voir des touristes s'aventurer dans le coin (il n'y a guère que nous et un ouvrier de 50 ans qui sort tout juste de douze heures de travail au port). Après lui avoir annoncé qu'on vient voir un concert dans le quartier, il propose carrément de louer son espace pour de futurs évènements musicaux, avec en prime de quoi manger ("on pourrait faire des merguez"), je suis sûr que Clément serait ravi à cette idée. Une fois nos pan bagnats terminés, on laisse ce gentil gars et sa radio diffusant RFM ou Nostalgie pour rejoindre le fameux Jolly Roger's.

C'est Coco de Bokanovsky qui fait une drôle de tête en me voyant, surpris de voir des lyonnais pour un concert dans le coin. Après lui avoir expliqué que ce concert fait partie d'un road trip au pays des cigales et de la pétanque, on file voir le début du set de Child Meadow, groupe parallèle de Clément et Pierre de Bokanovsky. Clément joue de la guitare, Pierre (habituellement bassiste dans Bokanovsky) joue de la batterie, et les deux partagent le chant. Pour être honnête je crois que je n'avais jamais pris la peine d'écouter Child Meadow, alors que le groupe officie dans un style qui me va droit au coeur, une sorte d'emo/hardcore qui rappelle aussi bien Off Minor que Spirit Assembly, assez bordélique (ce soir en tout cas) et tout en variation d'intensité. Le public est très souriant et est constitué d'habitués, c'est donc un peu en visiteur ou envoyé spécial que je me sens ce soir, témoin d'une activité de gens qui semblent s'apprécier et partager beaucoup de moments ensemble.

Après un set assez court mais plutôt réussi, dans une ambiance bien détendue (Clément: "je suis désaccordé mais on va quand même jouer ce morceau") je discute un peu avec quelques personnes puis voilà 1994! qui s'installent.

Là encore on a affaire à un duo guitare / batterie, et il est difficile de ne pas penser à Tiny Hawks une fois leur set commencé. Soyons clairs, Tiny Hawks était sans doute un des groupes (emo) les plus importants des années 2000, donc voir un groupe s'en inspirer éveille toujours ma curiosité, surtout que le duo de Providence n'a jamais pu traverser la grande flaque bleue (j'aurais bien échangé quelques tacherons américains contre la fulgurance de Tiny Hawks !).

Sans arriver au niveau de génie du duo de Providence, 1994! délivrent un concert bien intense, bordélique mais acéré, avec des morceaux complexes mais jamais ennuyeux, et cette espèce d'énergie brute et ce désespoir en filigrane qui raractérise les vrais bons groupes emo. Ca pour moi c'est du punk, du hardcore, et çà me remue beaucoup plus que la 12ème génération de clones de Angry Samoans (même si certains sont toujours plaisants à voir). Enfin c'est surtout que c'est tellement rare de voir ce genre de musique aujourd'hui, que de voir un groupe du genre s'en tirer assez bien en concert me transporte dans un état de mini-extase.

Mais ceux que tout le monde attend ce soir c'est bien sûr Algernon Cadwallader, que les chanceux avaient déjà eu l'occasion de voir lors de leur première tournée européenne à l'automne 2009. Le public est donc conquis à l'avance, et le trio balaye en deux secondes les quelques doutes que je pouvais avoir avant leur entrée en scène ("çà pourra pas être aussi bien que la première fois"). Ce groupe est original, navigue dans des eaux pas si balisées que çà (en gros, un revival de l'emo-pop à la Cap'n'jazz remis au goût du jour), et avec une énergie et une maitrise qui laissent pantois, et toujours avec cette bonne humeur communicative, parfois pas loin de Robocop Kraus, dans cet espèce de mélange de mélancolie et de bonne humeur. Il n'y a vraiment que les groupes américains qui arrivent à jouer comme çà une musique légère en souriant sans provoquer chez moi le dégoût. D'ailleurs le public semble partager mon excitation puisque en quelques minutes la salle se transforme en une sorte de champ de bataille où tout le monde danse, sourit, saute, et il ne faut pas bien longtemps avant que le bassiste / chanteur se trouve lui même transporté par plusieurs spectateurs au comble de l'excitation. Le guitariste sort toujours ses espèces de plans simili-surf improbables et le batteur passe la moitié du concert debout. Bref, Algernon Cadwallader sont toujours un joyeux spectacle à voir en concert, et je n'ai absolument aucun regret de m'être tapé plusieurs heures de voiture pour voir çà.

La suite se passera dans le QG des Bokanovsky avec quelques échanges culturels avec les ricains et un membre de Zombies are Pissed! ayant aussi fait le voyage, mais la fatigue aidant, il ne faudra pas longtemps à tout le monde pour sombrer dans le sommeil avec le sourire aux lèvres.