vendredi 2 décembre 2011

Marisa Anderson + Bridget Hayden @ La triperie, 22-09-11

Bridget Hayden


Marisa Anderson

Pas forcément grand chose à dire sur celui là, en contraste avec le concert à Grrnd Zero dix jours plus tôt, ce concert à la triperie n'aura pas forcément attiré un tas de monde, et quelque part tant mieux étant donné la capacité d'accueil de la Triperie, agréable salle des pentes de la Croix Rousse, ayant été un squat dans des temps reculés.

Il faut dire que les genres pratiqués ce soir sont plutôt dans un registre intimiste ou en tout cas moins évident que la plupart des concerts estampillés DIY (au sens large), mais pas non plus dénués d'intérêt, c'est d'ailleurs pour çà que j'y suis allé, et pas seulement parce que le concert était organisé par Jub Freak Out! et son ami Julien de Motherfucking ! J'essaie de voir plus loin que le copinage, et il vaut mieux parce que quand j'entend parfois la musique que pratiquent les groupes programmés par certains de mes camarades, je suis content de me dire que j'ai au moins soutenu la cause.

Ce n'est pas le cas ce soir là, même si j'ai été relativement déçu par la prestation de Bridget Hayden. C'est pourtant avec un bon a priori que j'étais parti, ayant lu que cette anglaise à guitare avait autrefois fait partie de Vibracathedral Orchestra, obscur combo de rock instrumental orchestral à quelques encablures du Godspeed You Black Emperor des débuts (c'est vraiment pour situer) dont j'avais téléchargé des disques (au début de l'adsl, donc çà date vraiment) après les avoir vu cités comme groupe référentiel dans une interview des rémois de Rroselicoeur, que j'aimais beaucoup à l'époque.

Une guitare solo, de la disto, plein de reverb et un chant marmonné à faire passer le Michael Stipe débutant pour Freddy Mercury meets Montserrat Cabalé, voilà le programme de cette demi heure de set. Dans l'idée je suis donc super enthousiasmé, c'est de la bonne musique pour rêver assis dans une salle avec tous ses copains. Seulement voilà, cette musique ne semble n'avoir ni de début, ni de fin, ni vraiment de variations semblant volontaires. En gros, c'est assez impénétrable, le son est assez mauvais et Bridget Hayden ne semble pas vraiment convaincue par sa propre prestation, d'autant plus qu'elle doit batailler à plusieurs reprises avec son ampli pour sortir un son à peu près correct. Je mettrais tout çà sur le compte de la fatigue (la mienne ou la sienne ?), parce que dans d'autres conditions j'aurais pu tout aussi bien trouver çà mortel. Passons.

Marisa Anderson joue dans un registre quelque peu différent, quoique pas non plus totalement antagoniste. Encore une fille, encore une guitare, mais cette fois ci pas de disto et peu ou pas d'amplification. Par contre il y a beaucoup plus de notes jouées, dans un registre tout en open tuning (le genre de jeu où la main droite travaille beaucoup plus que la gauche, enfin si vous êtes droitier). Pour un peu, on se croirait presque en train de dériver dans une barque sur le Mississippi, tout en langueur mais sans s'ennuyer. La référence immanquable du genre serait John Fahey (en tout cas j'aurais du mal à vous en sortir une autre...) et Marisa Anderson fait figure de troubadour d'une tradition américaine qui commence à être un peu ressortie de la terre pour être esposée aux oreilles européennes.

Bref, j'ai été plus enthousiasmé par les Etats-Unis que par l'Angleterre ce soir, par contre je ne comprend pas trop la pratique qui veut qu'on vende des coupons de téléchargement à des concerts. Pas très traditionaliste sur ce coup là....

(la qualité des photos n'a vraiment rien d'ironique, j'ai juste subi une inspiration particulièrement médiocre ce soir là)

lundi 14 novembre 2011

Télécommande + Placard + .... @ Grrnd Zero, 10-09-11

Placard

Placard

Placard

Télécommande

Télécommande

Télécommande

Télécommande

Télécommande


Bokanovsky sont un groupe toulonnais officiant dans un genre de hardcore punk chaotique aux influences emo et aux paroles engagées, et qui en ce samedi soir nous font le plaisir de venir jou....

[ERREUR ENCORE ! DECIDEMMENT....]

Grrnd Zero aura bien vécu, et vit encore, mais ce samedi 10 septembre 2011 semble bien marquer la fin d'une ère qu'on ne croyait jamais voir finir. Moi qui pensait emmener mes enfants à Grrnd Zero voir des concerts punk revival des années 2010 en 2028, je crois que je vais devoir me faire une raison, mais peut-on lutter contre la gentryfication dans une ville comme Lyon, même dans une période de crise économique telle que nous la vivons actuellement ? Vous avez deux heures.

En tout cas, qui dit "dernier concert" dit "ah merde, j'y suis jamais allé, je veux pas avoir l'air con alors je vais y aller avant que çà ferme !" pour beaucoup de gens, c'est donc pour çà que comme prévu, 800 personnes se sont pointées dans la salle qui devient invivable lors que le tiers de ce chiffre est atteint.

Pas fou, j'avais la bonne excuse d'aller voir un concert avec 100 fois moins de gens dans un autre quartier, et c'est donc en ayant déjà passé une bonne soirée que je me suis pointé au grrnd zero à une heure déjà relativement tardive, mais avec encore un bon nombre de groupes au programme (la soirée prévoyait en effet des groupes toute la nuit, la plupart lyonnais, histoire de vraiment en mettre une bonne couche pour finir en beauté) et des centaines de gens dans et devant grrnd zero, rendant la navigation pédestre particulièrement malaisée dans le périmètre immédiat du bar.

Avec autant de gens, la soirée ne pouvait être que spéciale, et dès que je suis arrivé, une jeune fille plutôt jolie me voyant passer m'a immédiatement proposé d'avoir des relations sexuelles. Devant passer un coup de fil à ce moment là, c'est à regret que j'ai du décliner, réalisant à quel point les ruptures augmentaient les possibilités d'effusions hormonales. Je ne suis pas certain que de pratiquer des relations sexuelles sur un parking la nuit entouré de gens ne m'excite vraiment en fin de compte, surtout en considérant ma perpétuelle sobriété.

Bref, et les concerts ? Quand je suis arrivé, c'était je crois bien pendant le set de PanPanPan. Il y a eu ensuite quelques autres groupes lors de cette (très) longue soirée, dont notamment Roue de Secours (duo échappé de Kiruna, qui font du hard-rock... je vois pas comment appeler çà autrement) et Carne (duo également, dans un registre sludge massif), mais aucun ne me motivait vraiment à un moment où j'avais surtout envie de rester un minimum éveillé au milieu de milliards de gens pour la plupart saouls, sans vraiment d'espace pour se retrouver tranquille (et pas pour retrouver la fille évoquée plus haut, hein ! Dans son état elle avait du trouver quelqu'un d'autre de moins regardant sur le confort).

Ma soirée consistera donc principalement à errer dans tout l'espace de Grrnd Zero, à chercher des visages familiers, qui s’avéreront la plupart du temps être aussi hébétés que moi, avec une expression semblant vouloir dire "c'est pour quand, le punk rock ?"

Si Placard et Télécommande n'avaient pas été programmés en fin de soirée (ou plutôt début de matinée !), je ne suis pas sûr que je serais resté si longtemps.

Alors quand mes amis de Placard émettent leurs premiers sons aux alentours de 4:30 (!!), c'est un peu la libération. Entre temps, la salle s'est un peu vidée, certains participants à la soirée n'ayant pas survécu à ce qu'ils ont bu (ou consommé), et on dirait maintenant qu'on est simplement à un "gros" concert de grrnd zero. Le punk rock de Joris et ses potes trouve pas mal de preneurs dans le public et Placard donnent l'impression d'être le nouveau "groupe local à beaucoup jouer", mais peut-on leur en vouloir ? Pas moi en tout cas.

Télécommande ont dépassé ce statut depuis un moment déjà, et leur relative rareté sur scène est compensée par des concerts en général plutôt attendus. Après la phase minimaliste du début, puis la phase ''on joue sur de gros amplis", Télécommande arrive maintenant à sa phase expérimentale avec l'ajout d'un clavier sur certains morceaux en remplacement de la basse, ce qui donne un aspect encore plus synthétique à leur punk déjà bien robotique. Si on m'avait dit en 2003 que Flo de Mihai Edrisch jouerait un jour du synthé dans un groupe, je crois que j'aurais rigolé très fort, et pourtant c'est bien ce qui se produit sous mes yeux ce soir (ou ce matin) là, et le pire c'est que çà marche très bien. L'ambiance est carrément explosive et les gens dansent dans tous les sens, sachant sans doute que c'est la dernière fois qu'ils vont pouvoir le faire là.

A la fin du concert je décide qu'il est déjà largement l'heure de rentrer, et à la sortie de la salle, les gens endormis par l'alcool jonchent le sol par dizaines. Il est temps de dire au revoir à tout çà, alors... rideau.

samedi 12 novembre 2011

Bokanovsky + Paper Plane Crash @Le trokson, 10-09-11

Bokanovsky

Bokanovsky

Bokanovsky

Bokanovsky

PaperPlaneCrash

PaperPlaneCrash


Ce samedi 10 septembre, c'était bien entendu la dernière soirée de Grrnd Zero Gerland. Une dizaine de groupes, pour la plupart locaux, allait se succéder sur la scène de Gerland pour dire au revoir une dernière fois à.....

[ERREUR!!!! PARDON!]

Ce samedi 10 septembre, c'était bien entendu le retour de Bokanovsky à Lyon, 3 ans après leur dernier passage en première partie de Kidcrash, Aussitôt Mort et The Catalyst à Grrnd Zero, les voilà revenus avec un nouveau set, composé entièrement de nouveaux morceaux, après une période de doute et de remise en question pendant laquelle ses membres ont pu se consacrer à de nouveaux groupes, notamment Child Meadow et Cavalcads. Ce concert de Bokanovsky ne faisait pas partie d'une tournée, mais était par contre en accompagnement de la tournée de PaperPlaneCrash, groupe slovène que je ne connaissais pas de prime abord.

Peu de gens ce soir là, la faute à la soirée Grrnd Zero se situant quelques stations de métro plus loin, ce qui me fait dire que mon travail de blogueur insatiable ne sert pas à rien. A mon avis il ne faudra pas plus de 10 minutes de mise en ligne à ce billet pour être lu par plus de gens que le nombre de spectateurs de ce concert. En gros, le public se composait des membres de Bâton Rouge, de Rog de Who Needs Maps?, de l'admin de Triste Temps, d'un mec perdu dans le quartier et de votre serviteur.

Ca n’empêchera pas le concert de Bokanovsky d'être particulièrement réussi. Dans un registre plus du tout à la mode, en gros l'emo-chaos sombre et intense, les Toulonnais arrivent encore à trouver de nouveaux riffs et rythmiques qui surprennent. Peut-être qu'avec la raréfaction de ce genre musical, il ne reste plus que les passionnés ? En tout cas ce concert m'a beaucoup plus marqué que les précédents que j'avais pu voir du groupe, et si les deux premiers LP ne m'ont jamais vraiment frappé, ces nouveaux morceaux semblent vraiment plus réussis. Avec le temps, la musique de Bokanovsky perd peu à peu son coté "emo français des années 90" et devient de plus en plus virulente, dans une veine One Eyed God Prophecy / Shikari (c'est pas avec ce genre de références que mon blog va avoir beaucoup de "hits" mais enfin, bref) et à part Zann (ou, plus près de nous et dans un registre plus "tough guy", Veuve SS), je ne vois pas bien qui fait encore cette musique de cette manière de nos jours. Vivement de nouveaux enregistrements.

PaperPlaneCrash ne nous rapprochent pas tellement plus de l'actualité musicale tant leur style ressemble également beaucoup à ce qu'on pouvait régulièrement voir il y a une bonne dizaine d'années. Du punk-rock émoisant plein d'énergie, simple et mélodique, efficace et très plaisant. J'ai trouvé leur set pas mal du tout (comme à chaque fois que je vois un concert d'un groupe d'ex yougoslaves - ils n'y a que les meilleurs qui passent par ici ?), avec parfois des riffs pouvant rappeler The Van Pelt / Native Nod. Le concert se termine même par une reprise acoustique de 1905, groupe surtout connu par ici pour avoir partagé un split avec Amanda Woodward, mais dont le LP valait bien des points à l'époque dans un registre folk punk juvénile. Je pensais pas que beaucoup de gens se rappelaient aujourd'hui de ce groupe... Conclusion inattendue d'un concert atypique dans un endroit qui accueille en général surtout des groupes de rockeurs en blouson en cuir.

mardi 8 novembre 2011

Demokhratia + Crimen @ rock'n'roll vengeance, 24/08/2011

Crimen

Crimen

J'ai quand même un peu l'impression d'avoir négligé ce blog ces dernières semaines, la faute sans doute à une mauvaise organisation de mon temps libre, au moment même où la saison des concerts bat son plein et que j'accumule un retard de plus en plus conséquent avec les jours... rien que de regarder la liste de dossiers de photos me file la nausée alors qu'en réalité je devrais sauter de joie à l'idée de partager mes pensées avec le plus grand nombre de fans secrets.

Quand je pense que certain(e)s m'ont déjà conseillé de continuer mon activité d'écriture sur un format autre que celui qui constitue ce blog, je n'arrive même pas à imaginer comment je pourrais envisager de trouver le temps (ou en tout cas à m'or-ga-ni-ser pour le trouver... même si j'étais au RSA sans activité - çà existe encore ? - je crois que je mettrais deux ou trois mois à publier les photos d'un concert).

Bref, les raisons de ma lenteur vous vous en foutez sûrement, mais comme plusieurs personnes m'ont déjà fait part de leur intérêt à suivre ce blog (comme le prouvent les statistiques qui montrent la fréquentation, laquelle devient de plus en plus internationale - essayez donc de lire ces chroniques avec google traduction, vous verrez que c'est pas mal), je me sens un peu coupable de négliger quelque chose d'un peu important.

Tout çà pour dire que le 24 Aout dernier, des milliers de gens étaient à la plage, et que pendant ce temps Demokhratia et Crimen, un groupe algérien et un groupe mexicain, jouaient au rock'n'roll vengeance, à Lyon, et que pas mal de gens étaient réunis pour assister à leurs concerts de punk/hardcore, la fin de l'été approchant et l'envie de se pourrir les oreilles avec des décibels étant de plus en plus forte chez la majorité de mes congénaires.

Alors, cette soirée valait-elle le coup ? Pour ma part j'avais déjà vu Demokhratia lors de leur premère tournée européenne (et même leur première tournée tout court si j'ai bien compris...) et j'étais content de les revoir, les groupes algériens jouant du punk n'étant quand même pas encore très démocratisés (oui, à partir de maintenant je vais multiplier les jeux de mots dans les chroniques), et pour ce qui est de Crimen, ben j'étais curieux aussi, le Mexique étant un peu loin.

Je ne m'étendrais pas sur l'aspect musical du concert: Demokhratia font dans le punk/hardcore sauvage et très rapide, parfois presque powerviolence, mais leur donner une définition précise n'a pas vraiment de sens, tant ce qui compte dans ce groupe est avant tout le fait qu'ils soient algériens et qu'ils soient donc très bien placés pour parler de leur pays et donc de la politique qui y est menée. Ca fait des décennies que des immigrés algériens vivent ici, j'en croise tous les jours et pourtant je n'ai pas vraiment d'idée précise de la vie que mènent la plupart ni de ce qu'ils pensent du gouvernement de leur pays d'origine. Quelque part cette idée me met un peu mal à l'aise. La rage de Demokhratia est bien réelle (sans dire que celle d'un groupe de Troyes ou de Milwaukee ne la serait pas, hein), et l'aspect "curiosité" qui entoure le groupe ne doit pas non plus occulter le fait qu'ils aient sorti un disque et puissent faire des concerts, même sans leur bassiste qui semble avoir eu des problèmes de visa. Si vous voulez en savoir plus, lisez donc l'excellente interview parue dans le numéro de septembre 2011 de Maximum rock'n'roll (qui vaut aussi le coup pour celles de Ivan Brun et de State Poison - putting Rhone-Alpes on the map).

Pour ce qui est de Crimen, j'ai beaucoup moins accroché à leur concert, bon c'était pas mal mais en fait je crois que j'ai pas vraiment aimé leur mélange de post-punk et de metal assez bizarre, en vrai je n'ai pas vraiment de références pour parler de leurs qualités musicales. Et surtout, il faisait vraiment trop chaud dans la salle pour que je daigne rester plus de 5 minutes sans sauter partout avec les gens qui contribuaient ainsi à augmenter l'effet de serre local. Par contre, chapeau pour jouer le lendemain à Brest, c'est pas un groupe français qui ferait ce genre de trajet en une nuit...

Je n'ai pas inclu de photos de Demokhratia pour d'évidentes raisons....

samedi 1 octobre 2011

Thanks For Coming Summer Vacation Special Issue #1: Algernon Cadwallader + 1994! + Child Meadow @ Jolly roger's, Hyères, 9/08/11

Child Meadow

Child Meadow


1994!


1994!


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Algernon Cadwallader


Rien de tel qu'un concert à la plage pour retrouver le sourire, l'espoir, voir l'énergie d'une jeunesse disparue depuis longtemps, surtout avec un groupe aussi enthousiasmant que Algernon Cadwallader. Il aura suffit d'un petit coup de fil au toujours accueillant Clément, et hop, bagages bouclées, direction l'autoroute l'A7, le péage de roussillon, l'arrêt pipi / café à l'aire d'autoroute de Mornas (qui était beaucoup mieux avant d'être rachetée par Carrefour... il faudra un jour que j'écrive quelquechose sur la fin des aires d'autoroutes indépendantes et leur rachat par des grands groupes qui les déshumanisent les unes après les autres....)

5 heures de route plus tard nous voilà arrivés dans le sud, il fait chaud, les gens roulent vite et parlent fort, et j'ai le temps de constater que Toulon a l'air d'être une ville très étrange, avec des grandes voies de circulation bordées de palmiers en plein milieu de la ville et des noms italiens partout sur les enseignes.

Mais le concert de ce soir ne se trouve pas à Toulon même et on doit pousser jusqu'à Hyères, où on arrive à la tombée de la nuit, dans une sorte de zone industrielle assez étrange. Le concert se passe dans un bar qui a l'air de faire aussi tatoueur (?), alors que les bâtiments environnants rappellent plutôt des entrepôts similaires à ceux qui constituaient mon environnement proche quand je faisais du vélo dans ma banlieue étant adolescent.

La faim se fait sentir, et on n'a pas d'autre alternative que de s'arrêter à une sorte de baraque à frite dans cette même zone industrielle. C'est l'occasion de faire découvrir à mon amie ce que je pense être la spécialité locale, à savoir le Pan-Bagnat. S'ensuit un moment assez étrange, une rencontre avec le tenancier de cette baraque (paillote ? Ca n'existe pas vraiment ce genre de chose ici dans le nord), un gars d'une quarantaine d'année content de voir des touristes s'aventurer dans le coin (il n'y a guère que nous et un ouvrier de 50 ans qui sort tout juste de douze heures de travail au port). Après lui avoir annoncé qu'on vient voir un concert dans le quartier, il propose carrément de louer son espace pour de futurs évènements musicaux, avec en prime de quoi manger ("on pourrait faire des merguez"), je suis sûr que Clément serait ravi à cette idée. Une fois nos pan bagnats terminés, on laisse ce gentil gars et sa radio diffusant RFM ou Nostalgie pour rejoindre le fameux Jolly Roger's.

C'est Coco de Bokanovsky qui fait une drôle de tête en me voyant, surpris de voir des lyonnais pour un concert dans le coin. Après lui avoir expliqué que ce concert fait partie d'un road trip au pays des cigales et de la pétanque, on file voir le début du set de Child Meadow, groupe parallèle de Clément et Pierre de Bokanovsky. Clément joue de la guitare, Pierre (habituellement bassiste dans Bokanovsky) joue de la batterie, et les deux partagent le chant. Pour être honnête je crois que je n'avais jamais pris la peine d'écouter Child Meadow, alors que le groupe officie dans un style qui me va droit au coeur, une sorte d'emo/hardcore qui rappelle aussi bien Off Minor que Spirit Assembly, assez bordélique (ce soir en tout cas) et tout en variation d'intensité. Le public est très souriant et est constitué d'habitués, c'est donc un peu en visiteur ou envoyé spécial que je me sens ce soir, témoin d'une activité de gens qui semblent s'apprécier et partager beaucoup de moments ensemble.

Après un set assez court mais plutôt réussi, dans une ambiance bien détendue (Clément: "je suis désaccordé mais on va quand même jouer ce morceau") je discute un peu avec quelques personnes puis voilà 1994! qui s'installent.

Là encore on a affaire à un duo guitare / batterie, et il est difficile de ne pas penser à Tiny Hawks une fois leur set commencé. Soyons clairs, Tiny Hawks était sans doute un des groupes (emo) les plus importants des années 2000, donc voir un groupe s'en inspirer éveille toujours ma curiosité, surtout que le duo de Providence n'a jamais pu traverser la grande flaque bleue (j'aurais bien échangé quelques tacherons américains contre la fulgurance de Tiny Hawks !).

Sans arriver au niveau de génie du duo de Providence, 1994! délivrent un concert bien intense, bordélique mais acéré, avec des morceaux complexes mais jamais ennuyeux, et cette espèce d'énergie brute et ce désespoir en filigrane qui raractérise les vrais bons groupes emo. Ca pour moi c'est du punk, du hardcore, et çà me remue beaucoup plus que la 12ème génération de clones de Angry Samoans (même si certains sont toujours plaisants à voir). Enfin c'est surtout que c'est tellement rare de voir ce genre de musique aujourd'hui, que de voir un groupe du genre s'en tirer assez bien en concert me transporte dans un état de mini-extase.

Mais ceux que tout le monde attend ce soir c'est bien sûr Algernon Cadwallader, que les chanceux avaient déjà eu l'occasion de voir lors de leur première tournée européenne à l'automne 2009. Le public est donc conquis à l'avance, et le trio balaye en deux secondes les quelques doutes que je pouvais avoir avant leur entrée en scène ("çà pourra pas être aussi bien que la première fois"). Ce groupe est original, navigue dans des eaux pas si balisées que çà (en gros, un revival de l'emo-pop à la Cap'n'jazz remis au goût du jour), et avec une énergie et une maitrise qui laissent pantois, et toujours avec cette bonne humeur communicative, parfois pas loin de Robocop Kraus, dans cet espèce de mélange de mélancolie et de bonne humeur. Il n'y a vraiment que les groupes américains qui arrivent à jouer comme çà une musique légère en souriant sans provoquer chez moi le dégoût. D'ailleurs le public semble partager mon excitation puisque en quelques minutes la salle se transforme en une sorte de champ de bataille où tout le monde danse, sourit, saute, et il ne faut pas bien longtemps avant que le bassiste / chanteur se trouve lui même transporté par plusieurs spectateurs au comble de l'excitation. Le guitariste sort toujours ses espèces de plans simili-surf improbables et le batteur passe la moitié du concert debout. Bref, Algernon Cadwallader sont toujours un joyeux spectacle à voir en concert, et je n'ai absolument aucun regret de m'être tapé plusieurs heures de voiture pour voir çà.

La suite se passera dans le QG des Bokanovsky avec quelques échanges culturels avec les ricains et un membre de Zombies are Pissed! ayant aussi fait le voyage, mais la fatigue aidant, il ne faudra pas longtemps à tout le monde pour sombrer dans le sommeil avec le sourire aux lèvres.



mardi 27 septembre 2011

Take Warning + Placard @ Rock'n'roll Vengeance, 17/07/2011

Placard

Placard

Take Warning

Take Warning

Take Warning


La mi-juillet est la phase de transition entre la période cool de l'été et la période déprimante (qui dure en général jusqu'à début septembre). Vous êtes pas d'accord avec moi ?

Après un week-end passé loin de Lyon, le retour sous la pluie n'est pas très engageant et c'est dans une humeur un peu maussade que je mets les pieds au rock'n'roll vengeance. Est-ce que le punk va m'égayer ?

Placard sont de retour et font encore démonstration de leur punk rock sombre et "claustrophobe". Les gens semblent apprécier, le groupe semble angoissé, en ce qui me concerne je trouve que Placard n'est pas un groupe à mettre à la porte. Parfois on voit des groupes débutants en concert, et on a déjà l'impression de pouvoir fermer les yeux et d'imaginer ce qu'ils feront une fois qu'ils auront réglé leurs petits problèmes techniques. C'est à mon avis le cas avec ce Placard là.

Take Warning eux ne sont pas des débutants, puisqu'on y trouve Maz, figure historique de la scène punk stéphanoise, ainsi que des "kids" (de 30 ans) autour de lui, dont les méfaits les plus récents sont Ken Park et Koenigstein Youth. Take Warning a la difficile tâche de continuer le courant du punk français chanté en anglais. Dans les années 90, chanter en français c'était soit faire le jeu de la loi Toubon, soit être un groupe d'emo radical, les groupes cools chantaient tous en anglais. Aujourd'hui çà parait presque étrange. Si les paroles le font, je suis prêt à entendre des groupes français chanter en chinois, islandais ou estonien, en 2011 çà me parait absurde de vouloir à tout prix coller à quelque chose d'aussi insignifiant que la nationalité. En tout cas musicalement Take Warning joue puissant, serré, et Maz a toujours autant d'énergie sur scène. C'est du punk mélodique très anglais, parfait pour aller se bastonner contre les supporters de l'équipe adverse après une rencontre houleuse au stade. Honnêtement, je ne fais pas çà tous les week-ends.

Pas étonnant que la fin de la soirée se passe donc dans une pure ambiance PMU / fête de la bière dans laquelle je me sens comme un élu UMP perdu dans une grève de mineur. Je disais quoi déjà un peu plus haut sur le sentiment d'appartenance à un pays et à une culture commune ?

jeudi 8 septembre 2011

Pink Reason + Circuit des Yeux + Antez @ grrnd zero, 11/07/2011

Antez

Circuit des yeux

Circuit des yeux

Circuit des yeux

Pink Reason


Si vous m'aviez demandé il y a deux ans qui pouvait encore sauver le rock, je vous aurais sans doute donné le nom de Jay Reatard. Le dernier héros du garage-pop en flying V ayant passé l'arme à gauche à la suite d'une crise cardiaque (à 29 ans), il ne reste donc plus que Kevin Failure, alias Pink Reason, pour mériter ce titre de sauveur du rock (à mon sens). En effet, quand on parle d'un type de moins de 30 ans, qui a grandi une partie de sa jeunesse en Sibérie, qui est ensuite devenu une sorte de SDF survivant en dealant, et qui depuis presque une décennie sort toute une série d'enregistrements plus ou moins obscurs allant du folk rock neurasthénique (son premier LP de 2007 Cleaning the mirror) au punk/hardcore (le EP Desperate Living sorti l'hiver dernier) en passant par des trucs assez bizarres, généralement avec des instruments empruntés et avec des gens différents pour l'accompagner, et toujours avec cette voix reconnaissable immédiatement, on ne peut que se dire qu'on a affaire à un personnage plutôt important.

Voir Pink Reason en concert était donc quelque chose que j'avais même du mal à imaginer, et pourtant j'ai découvert une après midi de fin de printemps à la luttine qu'une tournée était prévue et qu'elle allait passer par Lyon (avant de s'enfoncer très profondément dans l'est de l'Europe, seconde patrie de Pink Reason).

Avance rapide jusqu'à ce lundi soir de juillet, à une période qui est déjà avancée dans l'été, en tout cas pour voir des concerts. En conséquence, la foule qui se presse ce soir est assez surprenante, pas mal de gens différents des concerts habituels du lieu, mais suffisamment de gens pour se dire que Pink Reason doit quand même toucher un peu de monde dans une ville comme Lyon. Ou alors est-ce l'effet "vacances en ville" qui pousse les gens à se ruer au premier évènement musical venu ? Honnêtement, je me refuse de croire que les gens sont venus par hasard à ce concert.

La soirée commence avec Antez, un gars de Grenoble qui fait une sorte de performance bruitiste en amplifiant le son des métaux, telle une sorte de retour aux fondamentaux de la musique industrielle. Je n'ai pas regardé longtemps car le concert a lieu dans le salon du grrnd (quelle bonne idée) et la plupart des gens étant assis, il est difficile de trouver une place pour se positionner debout sans se dire rapidement que pour apprécier de voir çà il vaut mieux être également assis. Lorsque je regarde la performance de Antez, il tourne autour d'une sorte de bidon de métal en raclant le couvercle avec des objets en métal, en essayant d'en extraire le son. je finis par me dire que c'est aussi bien d'écouter le son dans la "salle d'attente" à coté sans avoir besoin d'être un spectateur visuel du concert. N'est ce pas aussi l'intérêt de ce genre de musique ?

La suite est assurée par Circuit des Yeux, un projet d'une fille qui tourne avec Pink Reason. Il s'agit d'une fille qui joue de la guitare électrique et branchée à plein de pédales, une sorte de folk sombre et lent avec des morceaux longs et assez prenants. En gros, une chanson commence tranquillement, une ambiance s'installe, puis elle prend de l'ampleur, plus çà avance et plus il y a d'effets, de sons, de voix, et parfois çà devient assez étrange et surprenant. J'ai trouvé çà assez intéressant, çà m'a pas mal rappelé le concert de US Girls l'an dernier au même endroit, sauf que les cassettes audios auraient été remplacées par une guitare.

Quand Kevin Failure s'installe sur une chaise au milieu du salon du grrnd zero, la lumière s'éteint et la plus grande partie du public s'asseoit en silence pour écouter le chanteur presque silencieusement. Si chez lui, au nord des Etats-Unis, il joue souvent accompagné de plusieurs musiciens dans un format électrique (avec batterie, etc), lors de cette tournée il est absolument seul avec sa guitare acoustique. Ce concert va s'avérer un moment de communion entre lui et un public très respectueux, dans une ambiance quasi religieuse étonnante. Durant une demi-heure il joue quelques titres assez emblématiques de son répertoire ("Goodbye", "Borrowed time", "dead end", "the devil always wins" - ce dernier, normalement entièrement a cappella, avec les clappements de main du public comme rythmique), ainsi que des morceaux que je ne connaissais pas, et des reprises bien senties ("bloodstains" de agent orange, que j'avais déjà entendue sur des enregistrements sans connaitre l'originale, et "ready to fight" de negative approach en rappel).
Je ne sais pas trop quoi ajouter. J'ai eu l'impression de découvrir l'intimité d'un artiste, tant les conditions s'y prêtaient, tout en ayant l'impression que un concert de Pink Reason a l'atmosphère et l'ambiance propre au lieu où il se fait, aux gens qui y assistent, à l'humeur du bonhomme, aux morceaux sélectionnés (il en a joué 7 ou 8 alors qu'il doit en avoir une centaine dans sa guitare). Je suis reparti de là en me disant que j'avais assisté à un grand moment, mais sans la frustration de se dire qu'il ne pouvait pas se reproduire. Chaque concert de Pink Reason semble être différent et çà me donne de l'espoir pour l'éventualité où je le reverrais. N'est ce pas la marque des grands ?



vendredi 19 août 2011

Zombies are pissed @ Le Tostaki 1/07/2011





Si Cora n'avait pas fait deux-cent kilomètres pour voir ce concert en me convainquant qu'il fallait absolument être présent pour assister à ce qui semblait être le renouveau de la scène hardcore française, je ne sais pas si je me serais déplacé.

Je dois bien avouer que je ne connaissais Zombies are pissed que de nom jusqu'à ce soir, malgré le fait que l'ancien batteur ait déménagé à Lyon récemment. Quant à Splint, le groupe qui ouvraient pour eux, je n'en avais tout bonnement jamais entendu parler.

Quand on arrive au tostaki, à une heure où en général je pense plutôt à lire des commentaires sur des forums internet en réfléchissant à ce qui va constituer mon diner une heure après, je constate que je ne connais absolument personne des gens qui trainent devant le bar. Je crois que çà faisait bien 10 ans que çà ne m'était pas arrivé lors d'un concert affilié punk / hardcore à Lyon. Je ne cherche pas ainsi à montrer l'étendue de mes qualités mondaines (dont l'image volera de toute façon immédiatement en éclat si jamais vous allez la "chance" de me croiser dans le monde réel - je suis moins loquace avec la bouche qu'avec les doigts) mais plutôt à démontrer qu'il n'existe pour ainsi dire plus une scène punk/hardcore lyonnaise mais plusieurs. C'est pour ainsi dire assez rassurant de savoir qu'on peut aller voir des concerts de styles proches en voyant des gens différents. Le fait est aussi que beaucoup de concerts du style ont eu lieu à Grrnd zero ces dernières années, lieu dont la programmation musicale peut sembler souvent illisible pour des gens qui cherchent avant-tout une musique directe et aux émotions fortes. Le seul truc étrange est qu'il n'y a quasiment pas de filles dans le public ce soir, d'autant plus que c'est une fille qui organise. Les hommes aiment le hardcore viril et les filles préfèrent aller voir Japanther et No Age à Gerland ? Ne me faites pas croire que ce cliché est vrai.

Le temps de prendre un verre, d'attendre un bon moment dehors, puis le premier groupe s'installe. Il s'agit d'un groupe de dépannage pour la soirée appelé Hangover for breakfast. Avec un nom pareil je suis plutôt dubitatif sur le contenu des textes du groupe, sur lesquels je ne préfère pas me pencher. Je ne reste pas longtemps devant leur prestation qui est une sorte de mélange de folk-punk de marin tatoué à voir éraillée entre les Pogues et Against Me! (dont ils vont jusqu'à reprendre "Pints of guinness make you strong") et de passages ska. Beaucoup de gens apprécient le set, et je n'en fais pas partie.

Splint enchainent, et nous informent qu'ils viennent de Dijon. Le chanteur visiblement déjà bien saoul se répand dans beaucoup de monologues entre les morceaux, monologues qui malheureusement ne présentent pas un grand intérêt alors que en général je suis plutôt pour ce genre de tentative de ramener un peu de dialogue dans les concerts. C'est dommage car çà ferait presque oublier que le batteur est très doué, que le bassiste joue vraiment hyper bien et que le guitariste est également excellent, même si je n'aime pas forcément ce qu'il fait, et qu'au final le groupe joue un bon hardcore énervé, rapide et hyper efficace. Il me faut un bon moment pour me rendre compte que le guitariste est également un ancien Krapnek (groupe dont les concerts étaient à chaque fois des évènements par ici), et à la fin je trouve que Splint ont bien fait bouger le dance-floor. Bonne surprise. Et puis des groupes qui font des reprises de Burning Heads, je ne peux que les soutenir des deux mains...

Zombies are pissed sont un quintet caennais, dont l'ancien batteur joue désormais dans Veuve SS et dans Sport, et dont le nouveau traîne également ses baguettes dans Sugartown Cabaret. Dès le début de leur concert, je sens que je vais trouver çà cool. On dirait une sorte de mélange de punk rock mélodique moderne influencé par des groupes influencés eux-mêmes par Hot Water Music, et de hardcore rapide aux tendances old-school voir fastcore (cf la reprise de Limp Wrist que je n'ai même pas été foutu de reconnaître). Assez surprenant en vérité, je n'ai pas forcément les références musicales récentes de ces gens mais je trouve leur concert frais, sincère et super énergique. Les gens dansent, sautent partout et sont heureux, et même si je n'en connais que deux ou trois qui viennent d'arriver dans le tas je me sens vraiment bien et en accord avec l'ambiance de la soirée. A la fin du concert je me fend même d'un achat de leur split EP avec Youth Avoiders (encore un nouveau groupe hardcore français qu'il faut que je creuse...)

Tout çà m'a ramené quelques années en arrière, lors des échanges incessants entre les groupes lyonnais (Daitro, Simfela, Mihai Edrisch...) et des autres villes (Flying Worker!, Hyacinth, Dead for a minute, Apollo Program, Amanda Woodward) . Ce concert m'a rappelé que ce genre de scène "fraternelle" existait encore dans ce genre de musique.


mercredi 17 août 2011

Fast Arbeit Babies @ Rock'n'roll Vengeance 28/06/2011




Premier concert au nouveau squat du rock'n'roll vengeance, une grande maison occupée depuis peu et dotée de larges espaces verts derrière ! Un endroit plutôt adapté à une chaude soirée comme celle de ce 28 juin, avec deux groupes qui ont déjà joué à Lyon deux ans auparavant, à savoir Fast Arbeit Babies de Strasbourg, et La URSS, groupe espagnol.

A peine arrivé on apprend que La URSS ont eu un problème de van et qu'ils risquent d'arriver assez tard. Etant donné que je dois me lever très tôt le lendemain, çà compromet largement mes chances de les voir.

Au bout d'un certain temps, Fast Arbeit Babies commencent à jouer dans le garage surchauffé de la maison. Même si la plupart des gens semblent rester à l'intérieur, le quintet alsacien donne toute son énergie dans un concert qui surpasse largement le souvenir de leur déjà très bon set au coco charnel en 2009. Fast Arbeit Babies officie dans une sorte de punk bizarre très rythmique avec la présence d'un clavier, et avec au chant deux filles qui éructent parfois en duo, parfois séparément, et le tout est très énergique. Si au départ j'avais trouvé que l'intérêt du groupe tenait surtout à son originalité (on pense à Robotnicka ou Lucrate Milk, pas les références les plus courantes), après ce concert je me dis que la musique vaut largement plus le coup qu'il n'y parait au premier abord. Les compositions du groupe sont surprenantes et utilisent sans cesse de nouvelles trouvailles, et l'effet serait un peu comme de monter un escalier dont les marches multicolores se déroberaient les unes après les autres, faisant tomber l'auditeur (ou spectateur) dans une piscine de bonbons entourée des deux chanteuses de FAB qui lui crieraient dans les oreilles.

Visuellement, le groupe en impose aussi et l'espèce de complicité entre les deux filles du groupe est assez plaisante à voir. Au bout d'un moment je commence à me sentir vraiment mal à l'aise à cause de la chaleur et j'ai envie d'enlever ma chemise, mais ne voyant personne de torse nu dans la salle j'y réfléchis à deux fois, et c'est ainsi ma pudeur naturelle reprend le dessus. Dans d'autres contextes je serais plus à l'aise mais dans celui là je préfère m'abstenir. Je ne sais pas si j'aurais offensé d'autres personnes en enlevant le haut, mais j'aime bien penser à cette idée de la nudité (partielle ou totale) dans un contexte de concert punk, et notamment dans un squat. Ne pourrait-elle pas devenir un peu plus banale lorsque les conditions climatiques s'y prêtent ? Où est-elle encore une fois une barrière infranchissable entre hommes et femmes (les premiers ayant beaucoup moins de contraintes sociales à se dévêtir) ?

Bref, dès la fin du set je me précipite dehors histoire de sécher un peu, et j'apprend que les espagnols ne sont pas près d'arriver. Etant donné que je les avais trouvé assez quelconque la première fois, je n'ai pas de regrets à filer vers le métro.

vendredi 22 juillet 2011

The Estranged + Pizza OD @ la Triperie 23/06/2011

Pizza OD

Pizza OD

Pizza OD

The Estranged

The Estranged

The Estranged

The Estranged

The Estranged

The Estranged

The Estranged


La venue de The Estranged en Europe constituait pour moi un évènement, depuis que je m'étais mis à sérieusement suivre les conseils de quelques camarades éclairés (vous savez, ceux qui commandent toujours les bons 45 tours que tout le monde cherche 6 mois après leur sortie quand ils sont déjà épuisés...). Inconnus au bataillon pour certains, déjà trop hype pour d'autres, The Estranged ont au moins le mérite d'avoir remis au goût du jour une certaine vision du post-punk, à savoir celui de leur ville natale, Portland, dans la lignée des Wipers, groupe qui ne cesse d'être redécouvert par plus de monde chaque année. Il faudrait évidemment abuser de mauvaise foi pour considérer que The Estranged, anciens Remains of the day, n'en sont qu'une pale copie, étant donnée l'évolution constatée sur le dernier album du groupe "the subliminal man" vers des territoires un peu plus "new-wave" (j'ose pas dire post-punk car j'ai l'impression de le sortir à toutes mes chroniques.... çà y est j'ai trouvé un générique encore moins précis que "emo"... le post-punk c'est bien ce que tous les kids téléchargent sur leur macbooks depuis 5 ans, non ?)

Bref, je m'égare, et ce soir les ricains jouent à la triperie, salle des pentes de la croix rousse qui ne semble pas trop avoir l'habitude de ce genre d'évènement, avec nos amis de Pizza OD pour ouvrir de belle façon la soirée.

Je ne m'étendrais pas trop sur la prestation de Pizza OD. Si vous avez lu le blog récemment vous pouvez (re)lire tout le bien que je pense de la "nouvelle" orientation du trio, et ce soir rien ne déçoit, si ce n'est que j'ai un peu de mal à totalement rentrer dedans, faute à une température très élevée qui n'incite pas trop les gens à bouger, ce que Alex fera remarquer pendant le set. Ce soir c'est surtout la release party officieuse du premier disque de Pizza OD, un beau EP 7 pouces avec une pochette cool et un insert à l'humour très local, et çà c'est également un grand évènement.

Juste le temps de sortir, et de voir arriver mes amis clermontois de Bored to death qui étaient déjà en train de chercher une place de parking avant le set des lyonnais et qui ont fini par se garer assez loin en pestant contre la non-disponibilité des places dans les pentes. Ca me rappelle l'époque des concerts récurrents dans le quartier, époque où venant de loin je laissais régulièrement ma voiture sur l'autre rive, préférant finir à pied. Quand je discute avec des clermontois j'ai presque l'impression d'être un parisien, ce qui est assez bizarre pour moi.

The Estranged attaquent peu après, et là, tout de suite je sens que je vais avoir droit à un des concerts de l'année. Le groupe a l'air tendu, mais avec cette tension positive qui va se décharger en énergie électrique et irradier tous les heureux spectateurs. C'est un peu çà en fait... il fait chaud, très chaud, et très humide dans cette salle, les gens sont serrés comme des voitures un samedi de juillet sur l'A7, et attendent patiemment le début du set comme une sorte de libération. Et là, tout s’enchaîne dans une débauche de décibels. La batterie, la basse, et la guitare - passée à travers un paquet d'effets transformant le son chaud et puissant habituel de la Les Paul en un son tranchant parfaitement adapté à la musique du trio et à la sonorité du lieu - sont au service de ces chansons, tirées d'un peu toutes les sorties du groupe, que çà soit des premiers EP sortis il y a déjà 3/4 ans au dernier album que je ne connais encore que très peu au moment du concert (mais j'ai bien eu le temps d'user mes mp3 depuis) en passant par quelques sélections bien senties du premier album - pas forcément les morceaux que j'imaginais d'ailleurs. La musique de The Estranged possède cette rythmique implacable qui permet tous les débordements en concert. Un peu comme si ils voulaient absolument faire sortir ces chansons de leurs rails. Au bout d'une quarantaine de minutes le groupe sort vidé, épuisé, et je pourrais facilement tordre ma chemise et en faire sortir au moins un litre d'eau tellement j'ai transpiré, mais en tout cas je suis bien content d'avoir vu çà, surtout après les commentaires peu engageants suite aux prestations du groupe dans d'autres villes (Bordeaux, Paris). La réussite d'un concert est une alchimie de plusieurs choses inquantifiables et ce soir çà a marché.