Antez
Circuit des yeux
Circuit des yeux
Circuit des yeux
Pink Reason
Voir Pink Reason en concert était donc quelque chose que j'avais même du mal à imaginer, et pourtant j'ai découvert une après midi de fin de printemps à la luttine qu'une tournée était prévue et qu'elle allait passer par Lyon (avant de s'enfoncer très profondément dans l'est de l'Europe, seconde patrie de Pink Reason).
Avance rapide jusqu'à ce lundi soir de juillet, à une période qui est déjà avancée dans l'été, en tout cas pour voir des concerts. En conséquence, la foule qui se presse ce soir est assez surprenante, pas mal de gens différents des concerts habituels du lieu, mais suffisamment de gens pour se dire que Pink Reason doit quand même toucher un peu de monde dans une ville comme Lyon. Ou alors est-ce l'effet "vacances en ville" qui pousse les gens à se ruer au premier évènement musical venu ? Honnêtement, je me refuse de croire que les gens sont venus par hasard à ce concert.
La soirée commence avec Antez, un gars de Grenoble qui fait une sorte de performance bruitiste en amplifiant le son des métaux, telle une sorte de retour aux fondamentaux de la musique industrielle. Je n'ai pas regardé longtemps car le concert a lieu dans le salon du grrnd (quelle bonne idée) et la plupart des gens étant assis, il est difficile de trouver une place pour se positionner debout sans se dire rapidement que pour apprécier de voir çà il vaut mieux être également assis. Lorsque je regarde la performance de Antez, il tourne autour d'une sorte de bidon de métal en raclant le couvercle avec des objets en métal, en essayant d'en extraire le son. je finis par me dire que c'est aussi bien d'écouter le son dans la "salle d'attente" à coté sans avoir besoin d'être un spectateur visuel du concert. N'est ce pas aussi l'intérêt de ce genre de musique ?
La suite est assurée par Circuit des Yeux, un projet d'une fille qui tourne avec Pink Reason. Il s'agit d'une fille qui joue de la guitare électrique et branchée à plein de pédales, une sorte de folk sombre et lent avec des morceaux longs et assez prenants. En gros, une chanson commence tranquillement, une ambiance s'installe, puis elle prend de l'ampleur, plus çà avance et plus il y a d'effets, de sons, de voix, et parfois çà devient assez étrange et surprenant. J'ai trouvé çà assez intéressant, çà m'a pas mal rappelé le concert de US Girls l'an dernier au même endroit, sauf que les cassettes audios auraient été remplacées par une guitare.
Quand Kevin Failure s'installe sur une chaise au milieu du salon du grrnd zero, la lumière s'éteint et la plus grande partie du public s'asseoit en silence pour écouter le chanteur presque silencieusement. Si chez lui, au nord des Etats-Unis, il joue souvent accompagné de plusieurs musiciens dans un format électrique (avec batterie, etc), lors de cette tournée il est absolument seul avec sa guitare acoustique. Ce concert va s'avérer un moment de communion entre lui et un public très respectueux, dans une ambiance quasi religieuse étonnante. Durant une demi-heure il joue quelques titres assez emblématiques de son répertoire ("Goodbye", "Borrowed time", "dead end", "the devil always wins" - ce dernier, normalement entièrement a cappella, avec les clappements de main du public comme rythmique), ainsi que des morceaux que je ne connaissais pas, et des reprises bien senties ("bloodstains" de agent orange, que j'avais déjà entendue sur des enregistrements sans connaitre l'originale, et "ready to fight" de negative approach en rappel).
Je ne sais pas trop quoi ajouter. J'ai eu l'impression de découvrir l'intimité d'un artiste, tant les conditions s'y prêtaient, tout en ayant l'impression que un concert de Pink Reason a l'atmosphère et l'ambiance propre au lieu où il se fait, aux gens qui y assistent, à l'humeur du bonhomme, aux morceaux sélectionnés (il en a joué 7 ou 8 alors qu'il doit en avoir une centaine dans sa guitare). Je suis reparti de là en me disant que j'avais assisté à un grand moment, mais sans la frustration de se dire qu'il ne pouvait pas se reproduire. Chaque concert de Pink Reason semble être différent et çà me donne de l'espoir pour l'éventualité où je le reverrais. N'est ce pas la marque des grands ?